Comprendre le conflit israelo-palestinien
Il semble souvent difficile d’aborder et de
saisir tous les éléments de ce conflit qui
perdure depuis plus de 60 années. La création
de l’Etat hébreux, qui remonte au 14 Mai
1948, ne marque pourtant pas le début des
tensions animant cette région du monde.
Comprendre le conflit qui oppose l’Etat
d’Israël au peuple palestinien, c’est avant
tout comprendre le débat entre une volonté
politique et la volonté du peuple arabe de
Palestine, ainsi que de comprendre le rôle des
deux conflits mondiaux dans la création de
cet Etat. A ce titre, il semble nécessaire de
revenir en premier lieu sur l’histoire de ce
conflit, pour pouvoir ensuite comprendre sa
géopolitique actuelle.
Les deux guerres mondiales à l’origine
d’un conflit sans précédant
Il faut alors remonter à la fin de la première
Guerre Mondiale. Les grandes puissances
étrangères qui sortent vainqueurs de ce conflit
vont décider d’un nouveau partage du monde
qui sera imposé aux vaincus. Les divers traités
de paix signés en 1919 n’auront pour ambition
que celle d’affaiblir les Etats qu’elle juge
responsable du conflit mondial. Ainsi seront
dépecés l’Allemagne et les empires Austrohongrois
et Ottoman, desquels ressortiront
une multitude de nouveaux Etats fondés sur
les nationalités. L’empire Ottoman, allié de
l’Allemagne durant ce conflit, sera partagé par
les deux principales puissances coloniales de
l’époque, l’empire britannique et la France. La
Grande Bretagne obtiendra un protectorat
sur l’Iraq et la Palestine tandis que la France
héritera de La Syrie et du Liban. C’est alors
cette époque qui marque un tournant dans
l’histoire du moyen orient. Le Royaume Uni,
contrôlant alors la Palestine répond
favorablement à une demande forte de la
communauté juive qui souhaite établir une
communauté dans cette région du monde. En
effet, depuis la fin du XIX° siècle, une partie de
la population juive prône la création d’un Etat
qui regroupe les personnes issues de cette
même confession. Le Royaume-Uni, qui est
alors la plus grande puissance coloniale voit
d’un bon oeil l’installation de cette population
renforçant ainsi leur autorité par des
nouveaux colons. Ce peuple juif sera amené
au fil des années à se regrouper dans un
« foyer national juif », sorte d’autorité juive
en Palestine. La population juive augmentera
rapidement dans cette zone, passant de
80.000 personnes en 1918 à 643.000
personnes en 1948. Cette migration sera alors
très vite mal perçue par les populations
arabes locales, qui y voyaient, à terme, une
perte de leur territoire et de leur
souveraineté. Les premiers véritables
affrontements se déroulèrent en 1936, se
traduisant par une insurrection arabe à
l’encontre la colonisation juive, qui sera
sévèrement réprimée par les forces
britanniques.
Il faut ensuite se pencher sur les
conséquences du second conflit mondial.
L’Allemagne nazie d’Hitler et les massacres
du peuple juif dont elle fut responsable
jouèrent un rôle majeur dans la création
d’un Etat hébreux. Et cela pour deux raisons
majeures. La première d’entre elles, la plus
importante, est celle de la volonté des Etats
européens de racheter leurs fautes après les
atrocités endurées par ce peuple. La seconde
raison invoquée est celle de la présence du
grand Mufti de Jérusalem (Hadj Amin al-
Husseini), personne jouissant d’une grande
autorité auprès des populations musulmanes,
et qui s’est rallié par un antisémitisme
commun aux divisions SS. La position prise
par cet homme au cours du conflit servira de
base à la « punition » imposée au peuple
arabe de Palestine. Après des siècles de
persécutions qui connaitront un point
culminant lors du génocide, le peuple juif
entend faire valoir son droit de retourner sur
la terre de ses ancêtres. Cette même terre qui
peut se prévaloir de la présence d’une
communauté importante organisée autour du
« foyer national juif ». Les Etats européens,
voyant le peuple juif en peuple martyr des
atrocités de la seconde Guerre mondiale,
vont alors entreprendre de lui donner une
parcelle du territoire de la Palestine. Un plan
de partage des terres palestiniennes sera
alors décidé au sein de l’Organisation des
Nations Unis le 29 novembre 1947, mais sera
désavoué par la communauté arabe dans son
ensemble. Les premiers affrontements
eurent alors lieu entre les communautés
arabes et la communauté juive. Le 14 Mai
1948, l’Etat d’Israël est proclamé.
L’hostilité des peuples arabes pour la
création de l’Etat d’Israël
Les armées des Etats arabes, refusant le plan
de partage décidé par des nations
occidentales qui leur est imposé, pénètrent en
Palestine dès le 15 Mai. Ces troupes
provenaient de Transjordanie, d’Egypte et de
Syrie, aidées de contingent libanais et
iraquiens. Mais l’armée israélienne, soutenue
par les nations qui avaient encouragé sa
création, défait les nations arabes. Les
résultats de ce premier affrontement seront
conséquents : Israël augmentera d’un tiers sa
superficie et 800.000 palestiniens seront
expulsés. Cette guerre marquera le début
véritable des tensions entre juifs et arabes.
Les pays Arabes, principalement sous
l’influence de l’Egypte, ne vont avoir de cesse
de se confronter à cet Etat nouvellement
créé. Le second véritable conflit sera celui de
1956. Cette année-là, le Président de l’Egypte,
Nasser, entend nationaliser le Canal de Suez
qui appartient alors aux français et aux
britanniques, et qui joue un rôle très
important dans le commerce mondial en
reliant l’occident aux indes anglaises. Des
troupes françaises et anglaises seront
déployées dans cette zone frontière entre
l’Egypte et Israël. Cet affrontement, réglé par
la première utilisation des casques bleus,
affirmera une fois de plus le soutien des
nations occidentales à Israël, ainsi que la
volonté des nations arabes de résister. Dès
lors, les tensions entre l’Egypte et Israël
seront constantes. En mai 1967, l'Égypte qui
procède à d'importants mouvements de
troupes dans le désert du Sinaï, exige le départ
des forces de maintien de l'ordre de l'ONU qui
s'y trouvent depuis 1957 et signe une alliance
militaire avec la Jordanie. L'Égypte impose
aussi le blocus du détroit de Tiran qui donne
accès au port israélien d'Eilat. Israël décide de
lancer une attaque préventive (5 juin 1967)
contre l'Égypte. Après six jours de combats, de
nouvelles lignes de cessez-le-feu remplacent
les anciennes, la Cisjordanie, la péninsule du
Sinaï, la bande de Gaza et le plateau du Golan
passant sous contrôle israélien. Certains des
territoires sont encore aujourd’hui occupés
par Israël.
En 1973, le jour même du jeûne de Yom
Kippour - Grand Pardon - par les juifs, les
Égyptiens et les Syriens attaquèrent par
surprise simultanément dans la péninsule du
Sinaï et sur le plateau du Golan, territoires
respectivement égyptien et syrien occupés par
Israël depuis la guerre des Six Jours. Après 24
à 48 heures d’avancée des armées arabes, la
tendance s’inversa en faveur de l’armée
israélienne qui finit par repousser les Syriens
hors du plateau du Golan au bout de 2
semaines et marcha au-delà du canal de Suez
dans le territoire égyptien lorsque le cessez-lefeu
demandé par les Nations unies fut
appliqué. Cet épisode du conflit israélo-arabe
fit mentir la réputation d’invincibilité d’Israël
surtout que l’impact psychologique des
premiers jours de la guerre à l’avantage des
pays arabes a amené à la normalisation des
relations entre Israël et l’Égypte et à
l’ouverture des négociations de paix qui
aboutirent aux accords de Camp David en
1978 et à la récupération par les Égyptiens de
la péninsule du Sinaï, occupée par Israël après
la guerre des Six jours de 1967. Une autre
conséquence de cette guerre fut le choc
pétrolier de 1973, quand l’OPEP décida de
l’augmentation de 70 % du prix du baril de
pétrole ainsi que de la réduction de sa
production. Ces affrontements conduisirent
de nombreux réfugiés à migrer au Liban. C’est
d’ailleurs en ce pays que de nombreux
dirigeants de l’Organisation de Libération de la
Palestine s’établiront afin de lutter au mieux
contre l’Etat d’Israël. C’est cette raison même
qui poussera Israël en 1982, à envahir le sud
Liban. Cette attaque aura pour effets, en plus
de voir Israël occuper le
Liban pendant de
nombreuses années, de
favoriser la création de
nombreux groupes plus
ou moins politisés mais
tous anti-israéliens. Par
exemple le Hezbollah,
ou parti de Dieu, qui
prône l’éradication
d’Israël.
Dès lors, le peuple
arabe, et non plus les
hommes politiques se
ligueront contre Israël.
Les conditions de vie et
de travail des
palestiniens sont alors
très difficiles et
supportent mal la
comparaison avec leurs
voisins israéliens (les
salaires sont deux fois
moins élevés, la
population doit
bénéficier de laissezpasser
et fait l’objet de contrôles
permanent). La population se soulève donc en
1987, donnant naissance à la première
Intifada. L'Intifada se caractérise par une
campagne de désobéissance civile et par des
manifestations contre la domination
israélienne, avant de s'étendre rapidement à
l'ensemble des territoires occupés. L'armée
israélienne qui a sous-estimé l’Intifada, fut
surprise par la révolte car elle était le plus
grand défi jamais adressé par les Palestiniens
à Israël et l'armée n'était pas prête à affronter
des grandes démonstrations. Les soldats se
trouvaient encerclés par des enfants, des
hommes et des femmes armés de pierres. Si
l’Intifada permit l'union de toutes les couches
sociales et consolida l'entité nationale
palestinienne, elle aura aussi pour effet
d’alerter la communauté internationale sur
les actions des israéliens dans les territoires
occupés. Cette première Intifada pris fin en
1993, avec les accords d’Oslo conclus entre
l’Israël de Yitzhak Rabin et l’OLP de Yasser
Arafat. Mais le non respect des différents
accords conclus depuis cette date conduira le
peuple palestinien à se soulever une fois de
plus en 2000, donnant naissance à la seconde
Intifada.
Un conflit sans fin
Le bilan de ces différents affrontements
semble difficile à appréhender, tant la nature
des belligérants est complexe. Nous pouvons
cependant noter que la population
palestinienne a été déplacé ou vit dans des
conditions déplorables au sein des territoires
occupés, et que ses pertes ne sont
aucunement comparables à celles de son
voisin. Israël est à ce jour l’une des seules
nations à exercer une politique d’expansion,
qui n’a jamais caché sa volonté de se saisir à
terme de toute la Palestine. Mais Israël est
aussi la nation occidentale du Moyen Orient,
elle a été créé par l’Europe et bénéficie de
son soutien à ce titre. Elle représente une
zone d’influence importante dans une région
du monde où s’affrontent deux visions : l’une
pan arabiste et l’autre occidentale. Le facteur
de religieux est aussi à prendre en compte,
mais ne constitue en réalité qu’une façade
cachant d’autres enjeux plus importants. Les
récents évènements qui eurent lieu dans la
bande de Gaza démontrent une volonté
israélienne d’étouffer la population
palestinienne, tant dans son existence ellemême
que dans son désir d’émancipation
politique.
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