LE TEMPLE DU SAVOIR

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Culture

Bouillon de Culture

Un Prince (moaaga) en Floride !

C'est la deuxième fois que Prince Wendemi, artiste musicien burkinabè qui a aussi réalisé un film documentaire sur la question de la sorcellerie au Burkina Faso, est l'invité du Festival International du film de la diaspora Noire de Hampton (HBIFF : Hampton Black International Film Festival)) aux USA. Hampton est une ville indépendante de Virgine, c'est-à-dire qu'elle ne fait pas partie d'une autre entité gouvernementale au sein d'un Etat. C'est ce Vent de liberté qui a inspiré les organisateurs de ce festival à vouloir innover tout en célébrant la grandeur de l'héritage culturel de la civilisation Négro-africaine. Après 2010, Wendemi a encore séjourné du 12 septembre au 13 octobre aux USA où il a pris part audit festival qui s'est déroulé du 15 au 18 septembre 2010. Ce festival organisé et dirigé par la Princesse Angelique Monét a pour ambition de s'intéresser à toute la diaspora Noire à travers le Monde. Pour l'édition 2011, elle a fait un clin d'œil à l'Afrique à travers l'invitation faite à ce prince du Kourweogo (Ilboudo Yalgabamba son nom à l'état civil), qui au Faso, est mieux connu, micro en main, que derrière la camera. Comme quoi nul n'est prophète en son pays. Occasion d'échanges et de rencontres prometteuses, ce fut pour lui une aubaine malgré les difficiles conditions de prise en charge. Depuis la sortie en 2007 de son deuxième album à huit titres : "Yelboundi", Prince Wendemi semble montrer une certaine passion pour le 7ème art. C'est ainsi que depuis 2009, il a réalisé un documentaire sur les femmes excommuniées pour cause de sorcellerie. Etant donné qu'il est issu d'une province qui selon la rumeur populaire est reconnue championne nationale pour ce genre de procès, son message ne peut qu'être pris avec sérieux et considération. En attendant de peaufiner un second scénario sur l'exclusion sociale, le natif de Boussé, entre musique et image, contribue discrètement mais sûrement à la promotion de la culture du Burkina Faso. C'est pourquoi il n'a pas hésité à casser sa tirelire pour se payer le transport d'ici au pays de l'oncle Sam. Bon vent artiste !

Ludovic O. Kibora

 

Patrimoine Culturel immatériel, le Burkina inscrit le Balafon pentatonique Senoufo

La convention sur le Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) a été adoptée par la 32ème session de la Conférence générale de l'UNESCO le 17 octobre 2003. Cette convention définit le PCI en ces termes : "Les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire, ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel ". C'est parce que les éléments des patrimoines culturels immatériels des individus et des communautés étaient à l'étroit au sein de la convention de 1972 qui concerne la protection du patrimoine mondial culturel et naturel que l'idée d'une autre convention est née. La nouvelle convention (2003) sur l'immatériel vise à aider les communautés à sauvegarder leur patrimoine immatériel, élément fondamental de leur expression identitaire.
Le Burkina Faso a ratifié la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel le 21 juillet 2006, soit presque 3 ans après l'adoption de celle-ci par les Etats membres de l'UNESCO. Deux mois plus tard, il ratifiait la convention pour la protection et la promotion de la diversité de l'expression culturelle (20 octobre 2005). Entre temps, les techniciens de la culture se sont mis à l'ouvrage. C'est ainsi que le Ministère de la culture a établi en 2009 une typologie du patrimoine culturel immatériel présent au Burkina Faso de la façon suivante :
Les traditions et expressions orales
Les arts du spectacle
Les pratiques sociales, les rites et événements festifs
Les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers
Les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel
Bien avant la ratification de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel par le Burkina Faso, des actions de sensibilisation avaient été entreprises pour la sauvegarde des connaissances, des savoirs et savoir-faire traditionnels. Ainsi, lors de l'atelier national organisé du 19 au 21 juillet 2004, à la Maison du retraité Antoine-Nanga sur la mise en place du système des trésors humains vivants, une attention particulière avait été accordée à la sensibilisation des populations sur l'importance du patrimoine culturel immatériel.
Les communautés Sénoufo du Burkina Faso, de Côte d'Ivoire et du Mali utilisent le même balafon pentatonique (qui produit les son : fa, sol, la do, ré) qui est un élément important de leur patrimoine culturel immatériel à travers son association à des rites sociaux importants. C'est pourquoi les responsables des trois pays ont soumis cet élément pour inscription sur la liste représentative du PCI. " Pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés Sénoufo du Mali et du Burkina Faso ", tel est le nom de l'élément inscrit cette année par le Burkina Faso et le Mali, lors de la 6ème édition du Comité intergouvernemental de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'humanité qui a eu lieu à Bali du 22 au 29 novembre 2011. Cet élément inscrit pour le compte du Burkina Faso et du Mali, parce que la situation socio-politique n'a pas permis à la partie ivoirienne de réunir certaines informations est un encouragement à l'intégration sous-régionale entre les peuples. Selon les dispositions de la convention, la Côte d'Ivoire pourrait d'ailleurs rejoindre les deux autre pays, si d'aventure elle parvenait à rajouter les données manquantes. Avec cette inscription, les communautés senoufo du Burkina et du Mali bénéficient désormais d'un encouragement international, en attendant les soutiens matériels non négligeables dans leurs actions de sauvegarde d'un élément qui fait la vitalité de leur culture transmise de façon générationnelle.
L'action du ministère burkinabè de la Culture avec sa jeune et dynamique équipe a été déterminante pour l'aboutissement de ce succès. Les techniciens qui ont travaillé sur ce dossier avait du reste proposé "la cérémonie du faux départ du Mogho Naaba" pour être inscrite comme chef-d'œuvre par l'UNESCO avant l'entrée en vigueur de la convention en 2006. Ce n'est pas passé à l'époque, mais le travail demeure en cours pour adapter ce patrimoine aux principes d'inscription de l'une des deux listes du PCI.
En rappel, le patrimoine culturel immatériel de l'humanité dans le cadre de la convention 2003 dispose de deux listes : la liste représentative (article 16) et la liste de sauvegarde urgente. Même si le patrimoine immatériel est celui des communautés et des individus "Seuls les Etats parties à la Convention peuvent solliciter l'inscription d'une expression du PCI sur l'une de ces listes. "
Cette victoire que vient d'obtenir le Burkina Faso en partage avec un pays frère et voisin n'est que le " le début du commencement " d'une course de fond qui promet de nombreuses victoires d'étapes compte tenu des préparatifs déjà effectués. Ne dit-on pas que les plus longs voyages commencent par un petit pas ?

Ludovic O. Kibora

 

Poème: J'ai honte !

Quand j'étais petit, tout petit,
Dans la petite école de mon petit village,
Le maître m'a dit qu'un matin,
Les Blancs ont envahi l'Afrique ;
Ils ont capturé hommes, femmes et enfants,
Et les ont vendus loin, dans un pays inconnu;
Ils ont découpé le continent en morceaux,
Et se les ont partagés comme leurs biens personnels.

Le maître m'a dit aussi,
Que les hommes, les femmes et les enfants,
Ne se sont pas résignés à subir le Blanc ;
Ils se sont dressés comme un seul homme,
Et se sont battus corps et âmes, pour dire :
" Non à l'esclavage "!
" Non au colonialisme " !
Beaucoup y ont laissé leur vie,
Au nom de la liberté et de la dignité d'être Noir.
Et j'étais fier d'être AFRICAIN, d'être un NOIR !
Je le proclamais haut, comme James Brown1 !

Mais aujourd'hui, j'ai honte !
J'ai honte de l'Homme Noir qui a honte d'être Noir!
J'ai honte de l'Homme Noir qui, le dos tourné à l'Afrique,
Attend son salut de l'Homme Blanc, les yeux rivés sur l'Occident.
J'ai honte de l'Homme Noir qui singe l'Homme Blanc.

Celui-ci se perd dans des contorsions buccales,
Pour parler comme un Blanc, et ressembler au Blanc
Celle-là rêve d'avoir l'Homme Blanc en amour,
Qu'importe le poids du temps ;
L'amour de l'argent, l'argent de l'amour.
Mais tous se disent "indépendants",
Et attendent de l'Homme Blanc, "respect et égalité"!
Tout en l'enviant, tout en le singeant !

Ô Franz Fanon !
Digne fils d'Afrique et des Antilles !
Témoin historique de l'infériosation du Noir !
C'est toi qui avais raison :
" Peaux noires, masques blancs " !
Ah ! " Les damnés de la terre "2 !

Frédéric Koulanswonthé PALÉ
Université de Ouagadougou

1 James Brown, 1969 : "Say it loud, I'm Black and I'm proud
2 Franz Fanon, 1952 : Peau noire masque blanc; 1962 : Les damnés de la terre.
Le "processus d'infériorisation" chez les Noirs était déjà à l'œuvre.



21/12/2011
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